La difficulté lorsque l'on veut rompre, ce n'est pas de prendre la décision, c'est de le faire vraiment. Beaucoup de personnes se sentent bloquées parce qu'elles se sentent incapables de partir. Et pour y arriver, elles imaginent partir du jour au lendemain pour le faire vite sans avoir à affronter le conflit de la rupture ou le chantage affectif de l'autre. Mais elles prennent vite peur et se disent "je vais rompre en douceur", mais n'arrivent jamais à rompre.
En fait pour rompre il faut déjà se comprendre soi-même pour savoir de quel type de rupture on a besoin, quelles vont être les étapes nécessaires, et parfois, sur ce chemin, on se dit qu'il faudrait rompre en douceur.
Le problème c'est que derrière cette idée se cache souvent tout simplement votre peur de rompre.
Peur de perdre
Peur de se tromper
Peur de ne pas y survivre
Peur de ne pas être capable de vivre seul
Peur de la colère de l'autre
Peur du regards des autres
Peur de la réaction des enfants
Peur des difficultés financières.
1. Avoir besoin de rompre en douceur
Beaucoup d’entre nous ne sont pas super bien équipés pour rompre. Ce n’est pas une faiblesse c’est un schéma de personnalité ! Alors si vous vous sentez coincé tout va s’expliquer :)
Si vous êtes doué pour la vision sur le long terme.
Que vous partez du principe qu’un engagement est un engagement.
Et que vous êtes une personne avec laquelle les gens se sentent en sécurité.
Et bien il y a de fortes chances que vous apparteniez à la famille des “endurants”...
Les endurants sont ceux qui luttent jusqu’au bout, qui endurent beaucoup trop de choses, beaucoup trop longtemps et qui semblent trouver cela normal...Et en effet, pour eux c’est normal.
Les endurants sont des gens “racinaires”.
Ils sont les piliers de la famille, ou de l’équipe lorsqu’ils vont bien. Lorsqu’ils vivent dans l’équilibre et qu’ils ont trouvé leur place.
Et lorsqu’ils vont mal ce sont des personnes accablées, immobiles, sur lesquelles on pourra s’acharner, on pourra les torturer et ils tiendront parce que leur mission c’est de tenir bon.
Alors au moment de rompre, tout devient excessivement compliqué pour ces personnes qui se retrouvent coincées dans l'immobilisme.
2. La difficulté de rompre en douceur
Une des nombreuses particularités des endurants, c’est que très étrangement, ces personnes sont fières d’encaisser, et peuvent continuer longtemps. Imaginez le légume racine sous terre, caché, à l’abris des tempêtes de la surface. La personne racinaire a les mêmes capacités : rester enfouie sous la surface des problèmes et les endurer.
Elles ont un sentiment secret de supériorité à ce sujet.
Elles tiennent bon, parce qu’elles n’acceptent pas que vous les obligiez à lâcher, et surtout, elles tiennent bon pour vous prouver qu’elles sont meilleures que vous.
Les personnes endurantes sont donc, vous l’aurez compris, les pros de l’auto-sabotage.
Lorsque le couple va mal, elles ne s’en rendent pas vraiment compte.
Elles continuent leur mission d’endurance.
Elles restent.
Et comme leur but est de résister, elles résistent à tout : à l’aide comme à la défaite.
Au bout d’un certain temps elles ne savent même plus pourquoi elles sont là mais elles se plaignent tout le temps de la situation, de la personne, elles ne savent pas sortir de la plainte. Il faudrait passer de racine à arbre, il faudrait une grosse poussée vers le haut, et cela leur est impossible lorsqu’elles sont en situation de crise.
Mais aucune action n’est mise en place, puisqu’il faut tenir bon, pour avoir une belle estime de soi... Même si tenir bon c’est se tuer à petit feu.
3. On rompt en douceur parce qu'il est trop difficile d'agir
Beaucoup de personnes coincées dans des schémas de relations toxiques sont endurantes.
Agir = mourir puisqu’il faut résister pour monter que l’on gagne. Partir c’est lâcher et donc abdiquer. Donc partir est impossible.
Ça parait fou lorsque l’on est une personne qui ne connait pas ce schéma (si vous savez donner l’énergie de la poussée vous ne pouvez même pas l’imaginer), pourtant bon nombre de personnes le vivent au quotidien sans en avoir connaissance.
Leurs amis leurs disent : “mais pourquoi tu ne pars pas?”.
Et elles répondent : “pourquoi faire ?”
(dans le meilleur des cas).
Et dans le pire des cas : “oui, je sais qu’il faudrait”, mais elle ne font rien, ou encore : “partir c’est lui rendre la vie trop facile”.
Et ça rend leurs amis diiiiiingues !
Il leur est donc impossible d’imaginer la mise en action nécessaire à une rupture.
C’est comme un handicap.
Leur demander de partir équivaut à demander à un aveugle de voir.
Le pire c'est que très souvent, ces personnes disent qu'elles se font toujours larguer et souffrent d'abandon. Finalement le sujet ce n'est pas qu'elles se font larguer, c'est qu'elles ont pris conscience qu'il y avait un problème, mais n'ayant pas les capacité d'agir, elles restent malgré tout et sans pouvoir y travailler, et c'est finalement l'autre qui un jour prend la décision pour deux. J'ai aussi observé des couples où les deux sont endurant, donc tout le monde souffre pendant des années sans que personne ne puisse agir. Dans ces couples la situation s'envenime parfois jusqu'à des niveaux terribles.
4. Pourquoi êtes-vous une personne qui a besoin de rompre en douceur ?
Pourquoi est-ce que vous êtes comme ça ?
Il y a beaucoup d’inconnues dans cette histoire entre l’inné et l’acquis, mais ce schéma se développe entre un an et demi et 3 ans, et se caractérise par l’interdiction d’être soi. L’enfant a été contraint d’abdiquer dans ses choix et de se soumettre à la volonté d’un adulte/ parent intrusif et/ou dominateur et autoritaire.
L’enfant s’est senti envahi / humilié / puni pour avoir exprimé sa propre autonomie et son identité.
Il a donc développé cette défense endurante pour survivre. Si cet état s’est prolongé et répété dans sa vie, une fois adulte il s’est rigidifié dans la face sombre du schéma.
Et dans un couple toxique, il va reproduire cette défense.
Avant que le couple ne devienne toxique, l’endurant est parfois celui ou celle qui traine la patte pour répondre aux demandes (il résiste, puisque c’est tout ce qu’il sait faire quand il va mal)...
Sortir la poubelle, faire le jardin, changer une ampoule, faire des travaux, faire l’amour, vous embrasser, participer à une activité avec vous.
L’endurant ne supporte pas qu’on lui demande de faire quelque chose... Il pourra endurer vos reproches jusqu’à ce que vous vous épuisiez.
Et il attendra.
Si aujourd’hui ce profil vous parle et que vous souhaitez soit en sortir soit apprendre à vivre avec un conjoint “endurant”, lancez-vous. Car cet endurant vous en êtes tombé amoureux parce qu’il est solide et sécurisant et c’est une bonne raison de tomber amoureux, le reste ce n’est qu’un défaut de comportement qui se corrige.
5. La solution pour rompre en douceur sans avoir peur
On peut être “endurant” à différents niveaux, parfois on a la chance de n’avoir que les bons cotés parce qu’aucun trauma n’est venu créé de lutte dans l’enfance à ce niveau donc on est simplement endurant là où c’est nécessaire comme quelque chose de naturel, un don comme pourrait l’être la créativité.
Mais lorsque l’enfant a subi le trauma répété de la contrainte de ne pas pouvoir être lui-même, alors la rigidification commence et l’expression des moyens de défense va être de plus en plus importante.
Beaucoup de personne appartenant à cette famille ne sont pas du tout agressive, elles sont plus en mode passif/agressif, et peuvent passer pour des “gentils” calmes “qui n’ont rien demandé” ; c’est le coté racinaire qui donne cette impression, comme l’énergie est basse, dans l’ancrage et les pieds on a une impression de calme voire d’immobilisme.
Mais lorsque ce schéma est par exemple couplé avec un schéma agressif, alors, l’energie peut devenir explosive, avec une déferlante de mot à la limite de la haine, bienque ça n’en soit pas du tout. C’est l’impression que ça donne.
Le problème c’est que si vous êtes dans les défenses de ce schéma vous pouvez vous sentir pris au piège de relations que vous souhaitez fuir sans pour autant imaginer comment, ce qui peut accroitre cette sensation d’explosivité et rendre les conversation encore plus douloureuses.
Si vous êtes vous même coincé dans ce schéma voilà des phrases qui vont pouvoir vous aider à accepter l’idée de bouger :
- J’ai la place d’exister, je suis légitime.
- Je peux me montrer, pas besoin de lutter.
- Mes besoins sont légitimes, je peux les exprimer.
- Partir c’est réussir à me faire du bien. Rester c’est m’infliger de subir.
- Je m’autorise à ne pas avoir honte de moi ou de mes choix, sans attendre quoi que ce soit de l’autre. Ni reconnaissance, ni validation.
Agir ici c’est commencer par accepter de vous aider avec ces phrases, et peut-être de vous faire aider tout court par un professionnel, et le reste suivra.